Au risque de décevoir mes amis éthiopiens, fiers de leur « éthiopianité », je dois vous avouer que je me suis retrouvée ici par le plus grand des hasards. Aucun Éthiopien ne m’a jamais posé la fatale question « pourquoi l’Éthiopie ? » En effet, il ne fait aucun doute, à leurs yeux, qu’une personne douée de raison doit logiquement venir passer sa vie en Éthiopie. Il leur parait évident que la seule destination digne de ce nom est l’Éthiopie, seul pays n’ayant jamais été colonisé et bénéficiant de « 13 mois de soleil » (nous reparlerons, dans un article ultérieur, de cette affirmation, qui constitue à la fois une aberration temporelle et un énorme mensonge météorologique…). Bref, il ne fait aucun doute que ce pays est une terre promise, d’ailleurs la communauté rastafarienne l’a bien compris, elle qui a été accueillie les bras ouverts depuis l’époque de l’empereur Hailé Sélassié, le Roi des rois.
Non, la fameuse question, le « pourquoi », nous vient du froid, ou plutôt de l’Europe, et plus généralement de toute personne ressortissante de l’un des 193 autres pays du monde. Combien de fois m’a-t-on posé la fameuse question : « Mais…euh…pourquoi l’Éthiopie ? » Et combien de fois ai-je éprouvé, au travers de cette question, tous les préjugés s’abattant sur ce pays de la Corne de l’Afrique ? Combien de fois cette question m’a-t-elle été posée avec étonnement, surprise, peur, voire avec dégoût ? Combien de fois ai-je ressenti des sentiments tels que de la pitié dans la voix de mes interlocuteurs ? Combien d’yeux se sont écarquillés ou agrandis en prononçant cette question ? Combien de bouches se sont ouvertes pour former un grand O ?
J’adapte donc ma réponse à la façon dont la question est posée, et surtout aux effets physiques (yeux ronds, mâchoire déboîtée, genoux flageolants, envie de s’enfuir, etc.) ressentis par l’interlocuteur. Plus la réaction est forte, plus j’essaie d’avoir un contact physique avec mon interlocuteur, afin de vérifier qu’il/elle va effectivement s’essuyer la main après me l’avoir serrée, se désinfecter ou (plus rare tout de même en France) se laver les mains. Lorsque je perçois de la peur chez mon interlocuteur, ce qui arrive souvent avec les vieux, pour qui l’Ethiopie est l’équivalent de la planète Mars pour moi (un endroit peut-être un jour accessible au cours de ma vie, mais à propos duquel il est tout à fait délirant d’envisager s’y installer), alors j’en rajoute sur le côté sécuritaire, je fais une description terrible du pays comme l’enfer sur terre et je montre à quel point le pays se trouve au carrefour de trente-six conflits. A ce moment-là, le vieux, qui ne comprend pas les questions géopolitiques, se réfugie dans les poncifs que nous connaissons bien : « Mais pourquoi les jeunes ont la bougeotte ? C’est pas beau, la France ? Tu l’aimes pas, ton pays ? » Le vieux, en effet, n’est pas téméraire, et il est souvent de droite. Mais mon interlocuteur préféré, c’est l’effrayé, le dégoûté, celui qui me prend en pitié. Celui-ci, je lui fais l’inventaire de toutes les maladies possibles et imaginables, que je m’attribue évidemment. C’est à ceux-là que je sers mon histoire de camp de réfugiés (lesquels ? personne ne m’a jamais posé la question…), où j’aurais souffert d’épuisement, de paludisme, de typhoïde, d’amibes, de salmonelles, de typhus et j’en passe, le tout après avoir été accueillie à l’aéroport local (« aéroport » est d’ailleurs un bien grand mot pour cet Algeco paumé dans la forêt tropicale) par un énorme python dont la tête avait été coupée… En général, à ce moment-là, je perds mon interlocuteur, qui a souvent une envie subite d’aller aux toilettes, de s’enfuir, de m’oublier, de m’engueuler ou autre réaction démontrant un refus total d’être mis face aux réalités de ce monde. Je termine en général en rajoutant une couche grâce à ma fameuse phrase : « oui, mais j’ai eu d’la chance, j’ai pas chopé l’choléra ! » Blague en général peu appréciée, ou pas à sa juste valeur. A ce point de la conversation, si j’obtiens un rire jaune de mon interlocuteur, je peux m’estimer heureuse…
Car, si je raconte cette histoire de camp de réfugiés pour rigoler, elle est en réalité vraie, du début à la fin. (Ceci fera l’objet d’un article ultérieur.)
Voilà pour la provocation. Mais je dois dire que ce que je préfère, et cette fois-ci sans ironie, ce sont les réels étonnés, surpris, ceux qui sourient, qui trouvent ce choix de l’Ethiopie saugrenu, original, courageux, ou autre. Ces gens-là, ce sont de vrais curieux et je me reconnais totalement en eux. En général, ils ne connaissent absolument rien de l’Ethiopie, ni sa capitale, ni où elle se trouve (en Afrique, ça c’est sûr, mais où ?), ni sa langue officielle, ni ses représentants les plus illustres, rien, nada. Mais je serais injuste de leur en vouloir pour cela. En effet, l’Ethiopie a mauvaise presse depuis longtemps en Occident et les journalistes incultes ne sont pas pour remédier à cette situation. Alors, avec ces gens-là, les curieux, les étonnés, je me laisse aller, et je leur parle avec le cœur, et je leur dis :
‘L’Éthiopie est un pays magique, magnifique, qu’il faut absolument voir et sentir… L’Éthiopie, c’est la capitale de l’Afrique, elle héberge l’Union africaine, c’est aussi un pays qui se lance avec succès dans l’économie verte, on y trouve la plus grande ferme éolienne d’Afrique, c’est un pays qui évolue à toute vitesse, qui m’étonne et m’impressionne en permanence. L’Éthiopie, c’est surtout des Éthiopiens, des populations diverses aux langues multiples, aux histoires multiples, aux habitudes et aux religions multiples, aux coiffures incroyables, des gens accueillants, humbles et hospitaliers. L’Éthiopie, c’est aussi une accumulation sans fin de paysages à couper le souffle, de plaines, de montagnes, de volcans, de sel, de lave, c’est la Vallée du Rift, c’est là où est né l’Homme, c’est un pays de mangeurs de viande crue qui possède aussi les meilleurs fruits, les plus beaux légumes. C’est une terre d’abondance, d’eau, de chaud et de froid, de hauts et de bas, bref c’est là que je me sens vivre.’
Et je pourrais en parler pendant des heures…
Finalement, la question « pourquoi l’Ethiopie ? » est assez peu appropriée, car, si je vis bien en Ethiopie, je vis surtout à Addis Abeba. Et Addis Abeba, je pourrais aussi en parler pendant des heures. Addis Abeba, ma ville, ma pollution, ma chaleur de montagne, Addis Abeba qui coule depuis Entoto jusqu’à Bole, qui s’agrandit, qui montre ses vieux quartiers, ses beaux quartiers, ses habits neufs, mais aussi sa pauvreté, sa misère, ses quartiers pauvres détruits les uns après les autres, son gigantisme, son anonymat (tout relatif), bref Addis Abeba, une ville comme une autre, on ne sait pas trop si on l’aime ou si on la déteste, mais elle, elle nous aime, elle nous prend dans ses bras de pieuvre, elle veut nous garder en son sein. Elle nous offre un spectacle tous les jours varié, affolant, bouleversant, chamboulant : entre les hôtels de luxe rampent des handicapés, à terre dans la boue. Les petites adolescentes déjà maman plusieurs fois croisent la jeunesse dorée en faisant la manche devant le cinéma 3D dernier cri qui passe les derniers blockbusters américains. Des mondes se côtoient, sans vraiment s’affronter, des gouffres séparent ces groupes, mais les uns ont besoin des autres, et vice-versa. Pourquoi Addis Abeba ? Parce que les petits enfants en uniforme croisent sur le chemin de l’école les marathoniens qui terminent leur entraînement matinal sur les grandes artères addisoises, parce que le moindre boui-boui sert le meilleur café du monde, parce qu’elle est perchée là-haut à 2500 mètres d’altitude, parce qu’elle est entourée de montagnes majestueuses, parce qu’on y trouve le plus grand marché d’Afrique, parce que c’est une ville qui vit et qui grandit chaque jour, et dont le cœur bat plus fort qu’ailleurs.
Addis Abeba signifie, en amharique, la langue officielle du pays, « nouvelle fleur ». Voulue comme un nouveau départ par une dynastie qui sent le vent du changement souffler jusque dans ses montagnes, elle a été créée à la fin du XIXe siècle par le roi Ménélik II. L’emplacement, plus au sud que la capitale précédente, suit le mouvement multimillénaire de descente vers le sud. La civilisation éthiopienne, ou abyssine, est née il y a des milliers d’années autour d’Axoum, dans l’extrême nord du pays actuel, pour descendre plus tard à Lalibela autour du Xe siècle de notre ère, puis à Gondar au Moyen-âge. Ensuite, la capitale était itinérante, et enfin, à l’aube du XXe siècle et au moment de la grande victoire des Éthiopiens sur les Italiens en 1896, lors de la bataille d’Adwa, le besoin de s’installer s’est fait sentir. Et c’est finalement l’impératrice Taitu, la femme de Ménélik II, qui a choisi l’emplacement d’Addis Abeba, moins froid et humide qu’Ankober où ils résidaient, pour ses sources d’eau chaude, toujours utilisées de nos jours dans les bains et piscines publics.
La ville a rapidement grandi, les Italiens, qui l’ont occupée quelques années au cours de la Seconde guerre mondiale, l’ont transformée, en créant le quartier de Piazza, au nord, et le Mercato, le fameux « plus grand marché d’Afrique », qui fait la taille de plusieurs quartiers regroupés, et où l’on trouve du textile, des outils, des métaux, du bois, des poteries, du plastique, des bijoux, des vanneries, l’alimentation, etc. C’est par là que transitent toutes les marchandises qui s’écoulent dans Addis Abeba, et c’est là que l’on croise des hommes qui ploient sous le poids des marchandises posées sur leurs épaules, des camions surchargés roulant à tombeau ouvert et manquant d’écraser les porteurs…
Addis Abeba, donc, sera le cadre de presque toutes mes aventures ultérieures, sur le boulot, les boîtes de nuit, les salons de beauté, les cafés, les clubs de jazz, les taxis, les salles de sport, les galeries d’artistes, le cinéma, l’Union africaine, mon médecin, etc. J’espère que je montrerai ses bons côtés, mais aussi ses moins bons, et surtout que vous aurez envie de venir m’y voir…
Non, la fameuse question, le « pourquoi », nous vient du froid, ou plutôt de l’Europe, et plus généralement de toute personne ressortissante de l’un des 193 autres pays du monde. Combien de fois m’a-t-on posé la fameuse question : « Mais…euh…pourquoi l’Éthiopie ? » Et combien de fois ai-je éprouvé, au travers de cette question, tous les préjugés s’abattant sur ce pays de la Corne de l’Afrique ? Combien de fois cette question m’a-t-elle été posée avec étonnement, surprise, peur, voire avec dégoût ? Combien de fois ai-je ressenti des sentiments tels que de la pitié dans la voix de mes interlocuteurs ? Combien d’yeux se sont écarquillés ou agrandis en prononçant cette question ? Combien de bouches se sont ouvertes pour former un grand O ?
J’adapte donc ma réponse à la façon dont la question est posée, et surtout aux effets physiques (yeux ronds, mâchoire déboîtée, genoux flageolants, envie de s’enfuir, etc.) ressentis par l’interlocuteur. Plus la réaction est forte, plus j’essaie d’avoir un contact physique avec mon interlocuteur, afin de vérifier qu’il/elle va effectivement s’essuyer la main après me l’avoir serrée, se désinfecter ou (plus rare tout de même en France) se laver les mains. Lorsque je perçois de la peur chez mon interlocuteur, ce qui arrive souvent avec les vieux, pour qui l’Ethiopie est l’équivalent de la planète Mars pour moi (un endroit peut-être un jour accessible au cours de ma vie, mais à propos duquel il est tout à fait délirant d’envisager s’y installer), alors j’en rajoute sur le côté sécuritaire, je fais une description terrible du pays comme l’enfer sur terre et je montre à quel point le pays se trouve au carrefour de trente-six conflits. A ce moment-là, le vieux, qui ne comprend pas les questions géopolitiques, se réfugie dans les poncifs que nous connaissons bien : « Mais pourquoi les jeunes ont la bougeotte ? C’est pas beau, la France ? Tu l’aimes pas, ton pays ? » Le vieux, en effet, n’est pas téméraire, et il est souvent de droite. Mais mon interlocuteur préféré, c’est l’effrayé, le dégoûté, celui qui me prend en pitié. Celui-ci, je lui fais l’inventaire de toutes les maladies possibles et imaginables, que je m’attribue évidemment. C’est à ceux-là que je sers mon histoire de camp de réfugiés (lesquels ? personne ne m’a jamais posé la question…), où j’aurais souffert d’épuisement, de paludisme, de typhoïde, d’amibes, de salmonelles, de typhus et j’en passe, le tout après avoir été accueillie à l’aéroport local (« aéroport » est d’ailleurs un bien grand mot pour cet Algeco paumé dans la forêt tropicale) par un énorme python dont la tête avait été coupée… En général, à ce moment-là, je perds mon interlocuteur, qui a souvent une envie subite d’aller aux toilettes, de s’enfuir, de m’oublier, de m’engueuler ou autre réaction démontrant un refus total d’être mis face aux réalités de ce monde. Je termine en général en rajoutant une couche grâce à ma fameuse phrase : « oui, mais j’ai eu d’la chance, j’ai pas chopé l’choléra ! » Blague en général peu appréciée, ou pas à sa juste valeur. A ce point de la conversation, si j’obtiens un rire jaune de mon interlocuteur, je peux m’estimer heureuse…
Car, si je raconte cette histoire de camp de réfugiés pour rigoler, elle est en réalité vraie, du début à la fin. (Ceci fera l’objet d’un article ultérieur.)
Voilà pour la provocation. Mais je dois dire que ce que je préfère, et cette fois-ci sans ironie, ce sont les réels étonnés, surpris, ceux qui sourient, qui trouvent ce choix de l’Ethiopie saugrenu, original, courageux, ou autre. Ces gens-là, ce sont de vrais curieux et je me reconnais totalement en eux. En général, ils ne connaissent absolument rien de l’Ethiopie, ni sa capitale, ni où elle se trouve (en Afrique, ça c’est sûr, mais où ?), ni sa langue officielle, ni ses représentants les plus illustres, rien, nada. Mais je serais injuste de leur en vouloir pour cela. En effet, l’Ethiopie a mauvaise presse depuis longtemps en Occident et les journalistes incultes ne sont pas pour remédier à cette situation. Alors, avec ces gens-là, les curieux, les étonnés, je me laisse aller, et je leur parle avec le cœur, et je leur dis :
‘L’Éthiopie est un pays magique, magnifique, qu’il faut absolument voir et sentir… L’Éthiopie, c’est la capitale de l’Afrique, elle héberge l’Union africaine, c’est aussi un pays qui se lance avec succès dans l’économie verte, on y trouve la plus grande ferme éolienne d’Afrique, c’est un pays qui évolue à toute vitesse, qui m’étonne et m’impressionne en permanence. L’Éthiopie, c’est surtout des Éthiopiens, des populations diverses aux langues multiples, aux histoires multiples, aux habitudes et aux religions multiples, aux coiffures incroyables, des gens accueillants, humbles et hospitaliers. L’Éthiopie, c’est aussi une accumulation sans fin de paysages à couper le souffle, de plaines, de montagnes, de volcans, de sel, de lave, c’est la Vallée du Rift, c’est là où est né l’Homme, c’est un pays de mangeurs de viande crue qui possède aussi les meilleurs fruits, les plus beaux légumes. C’est une terre d’abondance, d’eau, de chaud et de froid, de hauts et de bas, bref c’est là que je me sens vivre.’
Et je pourrais en parler pendant des heures…
Finalement, la question « pourquoi l’Ethiopie ? » est assez peu appropriée, car, si je vis bien en Ethiopie, je vis surtout à Addis Abeba. Et Addis Abeba, je pourrais aussi en parler pendant des heures. Addis Abeba, ma ville, ma pollution, ma chaleur de montagne, Addis Abeba qui coule depuis Entoto jusqu’à Bole, qui s’agrandit, qui montre ses vieux quartiers, ses beaux quartiers, ses habits neufs, mais aussi sa pauvreté, sa misère, ses quartiers pauvres détruits les uns après les autres, son gigantisme, son anonymat (tout relatif), bref Addis Abeba, une ville comme une autre, on ne sait pas trop si on l’aime ou si on la déteste, mais elle, elle nous aime, elle nous prend dans ses bras de pieuvre, elle veut nous garder en son sein. Elle nous offre un spectacle tous les jours varié, affolant, bouleversant, chamboulant : entre les hôtels de luxe rampent des handicapés, à terre dans la boue. Les petites adolescentes déjà maman plusieurs fois croisent la jeunesse dorée en faisant la manche devant le cinéma 3D dernier cri qui passe les derniers blockbusters américains. Des mondes se côtoient, sans vraiment s’affronter, des gouffres séparent ces groupes, mais les uns ont besoin des autres, et vice-versa. Pourquoi Addis Abeba ? Parce que les petits enfants en uniforme croisent sur le chemin de l’école les marathoniens qui terminent leur entraînement matinal sur les grandes artères addisoises, parce que le moindre boui-boui sert le meilleur café du monde, parce qu’elle est perchée là-haut à 2500 mètres d’altitude, parce qu’elle est entourée de montagnes majestueuses, parce qu’on y trouve le plus grand marché d’Afrique, parce que c’est une ville qui vit et qui grandit chaque jour, et dont le cœur bat plus fort qu’ailleurs.
Addis Abeba signifie, en amharique, la langue officielle du pays, « nouvelle fleur ». Voulue comme un nouveau départ par une dynastie qui sent le vent du changement souffler jusque dans ses montagnes, elle a été créée à la fin du XIXe siècle par le roi Ménélik II. L’emplacement, plus au sud que la capitale précédente, suit le mouvement multimillénaire de descente vers le sud. La civilisation éthiopienne, ou abyssine, est née il y a des milliers d’années autour d’Axoum, dans l’extrême nord du pays actuel, pour descendre plus tard à Lalibela autour du Xe siècle de notre ère, puis à Gondar au Moyen-âge. Ensuite, la capitale était itinérante, et enfin, à l’aube du XXe siècle et au moment de la grande victoire des Éthiopiens sur les Italiens en 1896, lors de la bataille d’Adwa, le besoin de s’installer s’est fait sentir. Et c’est finalement l’impératrice Taitu, la femme de Ménélik II, qui a choisi l’emplacement d’Addis Abeba, moins froid et humide qu’Ankober où ils résidaient, pour ses sources d’eau chaude, toujours utilisées de nos jours dans les bains et piscines publics.
La ville a rapidement grandi, les Italiens, qui l’ont occupée quelques années au cours de la Seconde guerre mondiale, l’ont transformée, en créant le quartier de Piazza, au nord, et le Mercato, le fameux « plus grand marché d’Afrique », qui fait la taille de plusieurs quartiers regroupés, et où l’on trouve du textile, des outils, des métaux, du bois, des poteries, du plastique, des bijoux, des vanneries, l’alimentation, etc. C’est par là que transitent toutes les marchandises qui s’écoulent dans Addis Abeba, et c’est là que l’on croise des hommes qui ploient sous le poids des marchandises posées sur leurs épaules, des camions surchargés roulant à tombeau ouvert et manquant d’écraser les porteurs…
Addis Abeba, donc, sera le cadre de presque toutes mes aventures ultérieures, sur le boulot, les boîtes de nuit, les salons de beauté, les cafés, les clubs de jazz, les taxis, les salles de sport, les galeries d’artistes, le cinéma, l’Union africaine, mon médecin, etc. J’espère que je montrerai ses bons côtés, mais aussi ses moins bons, et surtout que vous aurez envie de venir m’y voir…